Rares sont les fois où j’ai envie de parler de toi …
Et me voilà déjà à taper ses mots sur le clavier que je sens mes larmes montaient doucement.
Tu es un sujet si sensible… si douloureux. Je ne parle de toi que très rarement. Je crois même que pour être honnête, je devrai dire jamais…
Non seulement, je ne parle jamais de toi, mais dès que quelqu’un ose le faire, je m’éclipse. Et si je ne peux pas, je lui demande alors gentiment d’arrêter.
Pourquoi ? Je ne sais pas trop. Où peut-être que si en fait…
Il y a tellement de raisons …
Je n’aime pas la façon dont les gens parlent de toi. Oh, bien sûr, ils ne disent rien de méchant, tu sais bien Petite Maman, que personne ne pourrait dire du mal de toi. Tu es si merveilleuse. Tu n’as jamais fait de mal à personne, tu as toujours répondu présente pour aider celui qui te demandait de l’aide, ou même celui qui n’osait pas. Les gens ne pourront jamais parler de toi en mal. Ou alors ils mentiraient.
Mais les gens, Petite Maman, quand ils parlent de toi, ils parlent au passé.
Comme si tu n’existais plus. Et ça fait mal… Ca fait bien trop mal de les entendre dire que tu n’es plus… J’ai mis tellement de temps à le réaliser … Que je ne supporte pas qu’on me le répète, encore et encore… C’est déjà bien trop douloureux de n’avoir que des photos quand j’ai envie de te voir, et une simple imagination quand j’ai envie d’entendre ta voix. Ta présence, ton sourire, tes éclats de rire … Je ne m’en souviens même plus. Tu m’en veux ? Je m’en veux.
Je ne me permets pas souvent de penser à toi. J’évite le plus possible. J’essaie de te rayer de ma vie, pour ne pas à avoir à me dire que c’est toi qui a décidé de quitter la mienne. C’est si dur … Trop dur.
Tu sais, avant j’imaginais que tu étais juste partie en voyage, que tu en avais juste marre de ta vie et que tu étais partie mais que tu allais revenir.
Pour moi, c’était impensable que tu nous laisses. Jamais, jamais de ma vie cela m’avait traversé l’esprit. Je te pensais éternelle… Et tu es partie bien trop tôt.
Parfois encore, j’espère, je me dis que tu vas revenir … Que tu es partie, mais que tu vas rentrer. Et je t’attends. Bêtement.
Ca fait 8 ans Petite Maman, que je t’attends. Et ça fait 8 ans que tu n’es toujours pas là. Alors cette année, j’avais décidé de te rejoindre. Mais tu n’as pas voulu de moi… Puisque je suis encore là.
Je n’arrête pas de pleurer. Je voudrais bien m’arrêter, mais je n’y arrive pas.
Quand je pense à toi, mes larmes s’écoulent automatiquement et ne se stoppent plus.
Le dernier moment que je me rappelle avoir passé avec toi, c’est celui où tu m’as donné et dédicacé la photo que j’ai posé à coté de mon lit, pour que tu veilles sur moi.
Tu étais rentrée de Tunisie avec Maman, et tu rangeais ta chambre. Comme souvent, tu avais besoin de faire du ménage, et à défaut de le faire dans ta vie, tu le faisais dans ta chambre.
Je te regardais de loin, je t’admirais tellement, que même te voir faire le ménage était pour moi un privilège.
Je te regardais, et puis tout d’un coup, je t’ai sauté dessus. Tu venais de jeter à la poubelle la photo qui était sur la commode.
« Pourquoi? » je t’avais demandé en la récupérant.
« Je ne suis pas jolie sur celle-ci, le fond noir avec la robe noire, cela fait trop ton sur ton »
« Oui, mais ton sourire, il éclaire la photo »
Tu avais été touché par ce que je t’avais dit. Tu avais alors pris un stylo et tu m’avais écrit un mot derrière. Depuis, elle ne me quitte plus. Je ne la regarde pas souvent, pour ne pas pleurer. Mais personne n’a le droit d’y toucher. Même Maman.
Parfois, Maman, elle me dit de ne pas la garder cette photo, qu’il faut que je fasse mon deuil.
Faire son deuil c’est quoi ? Accepter qu’une des personnes qu’on aimait plus que tout n’est plus ? Accepter qu’on ne la verra plus jamais, jamais ?
Que pour entendre son rire, il faut alors sortir une vieille cassette d’un mariage ? Que pour voir son sourire et son regard, il faut ressortir les vieilles photos ?
Je ne me souviens même plus de ton parfum…
Combien de fois pourtant m’as-tu prise dans tes bras ? Combien de fois ?...
Et je ne me souviens même plus de l’effluve de tes câlins.
J’essaie, Petite Maman, je te promets que j’essaie de m’habituer à l’idée que plus jamais tu ne me prendras dans tes bras, que plus jamais tu m’apprendras à dessiner, que plus jamais tu ne riras devant mes bêtises, que plus jamais on ne sera ensemble… J’n’y arrive pas. Vraiment pas. J’essaie de t’oublier. De t’enfouir au fond de ma mémoire, loin, très loin. Mais je n’y arrive pas.
Tu me manques… Je ne comprends pas pourquoi tu m’as laissé … Pourquoi ?
Tu avais dit à Maman, que tu t’occuperais de nous…
Tu ne mentais jamais à Maman.
Alors, est-ce que de là-haut tu veilles sur moi ? Est-ce que parfois tu penses à nous ?...
Tu me manques, Petite Maman Fragile, mais je ne sais pas si c’est le bon verbe…